Epigénétique et psychogénéalogie

Comment la science explique la transmission intergénérationnelle des traumatismes

Sandra Maignant

10/8/20245 min read

Epigénétique et psychogénéalogie
Epigénétique et psychogénéalogie

L’épigénétique est l'étude des modifications de l'expression des gènes qui n’impliquent pas de changement dans la séquence ADN elle-même. La séquence ADN héritée des parents ne change pas. C’est la façon dont les gènes s’expriment qui peut être influencée par des facteurs environnementaux, psychologiques, et comportementaux. En d'autres termes, même si la séquence génétique reste la même, les mécanismes épigénétiques peuvent modifier la façon dont cette information est utilisée par les cellules de l'organisme. Par exemple, le gène de régulation du cortisol (l’hormone du stress) peut être plus ou moins réprimé ou activé.

L’épigénétique montre que des facteurs environnementaux comme le stress, les traumatismes ou l'attachement parental peuvent influencer la manière dont les gènes s'expriment. Un environnement stressant durant l’enfance peut, par exemple, modifier l’expression des gènes liés à la régulation émotionnelle.

Certaines modifications épigénétiques peuvent être aussi transmises d’une génération à l’autre, influençant ainsi la santé et le comportement des descendants.

Le lien entre les traumatismes vécus par une génération et la santé mentale des descendants, souvent décrit comme la transmission intergénérationnelle des traumatismes, est un domaine de recherche en plein essor. Plusieurs études ont montré que les traumatismes graves peuvent affecter non seulement les individus qui les subissent, mais également leurs enfants et petits enfants, même ceux qui n'ont pas directement vécu ces événements.

Des études comme celle menée par Rachel Yehuda de 1997 à 2014 sur les enfants des survivants de l’holocauste ont montré ce lien. Elle a découvert que les descendants des survivant de l’holocauste montraient des taux plus élevés de troubles de l'anxiété et de dépression que ceux dont les parents n’avaient pas vécu de tels traumatismes, même chez les enfants nés bien après la période de déportation.

Une étude de 2020 a mis en évidence des altérations épigénétiques chez les descendants des survivants de l'Holocauste, en particulier des changements dans les gènes liés à la régulation du cortisol, l’hormone du stress. Ces modifications semblent influencer la manière dont ces descendants répondent au stress, ce qui pourrait expliquer leur vulnérabilité accrue aux troubles psychologiques.

Des études ont également été menées sur les animaux, notamment sur des rats. Elles ont montré des résultats fascinants. Lorsque des mères rat étaient soumises à un stress extrême avant la conception de ses petits, les descendants montraient des altérations épigénétiques dans les gènes responsables de la régulation du stress. Les petits rats semblaient avoir une propension plus grande à l’anxiété. Ces changements ont été observés sur plusieurs générations, même lorsque les descendants n'étaient pas eux-mêmes exposés au stress. Une autre étude menée sur des souris mâles a donné des résultats similaires sur plusieurs générations de descendants. Les souris étaient exposées à une odeur chimique semblable à celle des fleurs de cerisier, associée à une petite décharge électrique. Les souris étaient conditionnées à craindre l’odeur. Les petits-enfants de ces souris réagissaient à la même odeur alors qu’ils n’avaient jamais été exposés auparavant. Cependant, il semble que l’environnement personnel dépourvu de stress durant l’adolescence à le pouvoir d’annihiler cet héritage.

Ces études illustrent le lien profond entre les traumatismes vécus par une génération et les effets psychologiques observés chez les descendants. L’épigénétique fournit une explication biologique à ce phénomène, en montrant comment l’environnement et les expériences de vie peuvent moduler l'expression génétique sur plusieurs générations. Ainsi, le traumatisme d’un parent ou grand-parent peut entraîner une plus grande sensibilité au stress, à l’anxiété chez les enfants et petits-enfants.

Plasticité épigénétique

Un aspect encourageant de ces recherches est la notion que les modifications épigénétiques ne sont pas permanentes. Elles peuvent être influencées par l'environnement, le soutien social, et les interventions psychologiques, suggérant que même si des traumatismes sont transmis, il est possible d'y remédier à travers un travail thérapeutique.

Les individus peuvent surmonter ces héritages grâce à des interventions psychologiques appropriées. Des thérapies comme la thérapie transgénérationnelle ou la thérapie systémique prennent en compte ces dynamiques familiales et peuvent aider à briser le cycle de transmission des traumatismes. Les soins énergétiques permettent également d’identifier et de couper les liens et traumatismes transgénérationnels.

Le cas de Suzanne

Suzanne* est une femme qui approche les 70 ans. Elle se débat avec des sentiments de colère, de stress, et d’irritabilité malgré une retraite paisible. Elle fait des insomnies, notamment en raison de fortes douleurs au genou. Elle est intransigeante et parle de façon brutale à ses proches. Dès la première rencontre, je lui demande s’il y a des secrets de famille. Elle me livre l’histoire de sa mère qui pendant la deuxième guerre mondiale, a eu un enfant illégitime. Lorsque son père est revenu à la fin de la guerre, il lui a imposé d’abandonner cet enfant à la naissance. Suzanne se souvient des disputes de ses parents, des mots durs et des insultes de son père à l'encontre de sa mère le soir venu, dans la chambre à coucher. Son père n’a jamais pardonné à sa mère « d’avoir fauté ». Il a toujours été dur envers elle. Suzanne porte ce lourd secret depuis des années, et n’en a jamais parlé.

Lors du deuxième rendez-vous, Suzanne m’informe qu’elle a partagé son secret avec ses frères et sœurs lors d’une réunion de famille. Elle a ressenti un grand soulagement, comme si le poids qu’elle portait sur ses épaules depuis des années s’était soudain levé. La sensation de légèreté a été immédiate.

Les secrets de famille sont comme des poisons qui peuvent affecter une famille entière. Inconsciemment, chaque membre de la fratrie portait ce poids sans le savoir. Suzanne est née après la naissance de cet enfant illégitime. Elle a certainement hérité de la blessure de trahison de son père, qui se manifestait par le masque de contrôlant agressif. (Ref article Les cinq blessures de l’âme)

Accompagnée par la psychothérapie pour la partie consciente et les soins énergétiques pour l’inconscient, Suzanne se libère progressivement de ce poids. Révéler ce secret à ses frères et sœurs a été une étape décisive. Elle est plus douce avec son entourage, et moins intransigeante envers elle-même et les autres. Il y a encore du chemin à parcourir, mais Suzanne se sent déjà moins stressée, moins angoissée.

Il y a donc de l’espoir ! Avec un accompagnement thérapeutique associé à des soins énergétiques, il est possible de se libérer des liens transgénérationnels.

Pour en savoir plus

Podcast France Inter: ADN et mémoire ancestrale: l’inconscient transgénérationnel en question

*Le nom a été modifié